La nouvelle femme ***
Premier long métrage de Léa Todorov (2024). Article vu 111 fois
Rome, en 1900. Lili d'Alengy (LeÏla Bekhti), courtisane parisienne fait la connaissance de Maria Montessori (Jasmine Trinca), femme médecin pour enfants qui a développé une méthode pour les enfants déficients. Elles partagent leur secret honteux : Lili a une fille « idiote », d'où la raison de sa fuite en Italie pour cacher son existence, et Maria a un fils né hors mariage. Lili espère bien pouvoir se débarrasser de sa fille…. Ce ne sera pas si simple. Peu à peu, liées d'amitié, elles vont se faire un nom dans le monde entier.
Un film édifiant qui nous rapproche des ces enfants handicapés ainsi que des méthodes humaines, créatives et de bon sens de Maria Montessori. L'ensemble st remarquablement joué, notamment par les enfants handicapés.
J’ai un peu regretté que cet aspect ne soit pas plus dominant dans le film. En effet le scénario emmêle ce récit avec celui plus personnel de Maria et de ses questions sentimentales et de carrière.
Le point de vue d’Annie
Premier point : le scénario entremêle la vie d’une personne réelle, Maria Montessori et celle d’un personnage fictif. C’est habile car ces deux femmes sont confrontées, pour des raisons différentes, à une maternité douloureuse, cachée, non reconnue par leur famille, leur milieu social. L’opposition apparente de leur choix de vie rythme le scénario, et donne du mouvement à la biographie de Maria Montessori, parfaitement respectée par ailleurs. C’est passionnant de la voir travailler et solliciter les capacités des enfants.
Deuxième point. L’exigence dans l’écriture et le scénario. Je suis restée scotchée par plusieurs scènes mettant en scène les enfants au cours des soins ou des séances d’éducation dans l’institut où travaille Maria. La réalisatrice connaît son sujet, elle a mené un vrai travail de recherche sur les travaux et l’approche de Maria Montessori. Ces séquences sont remarquables par ce qu’elles nous permettent à nous spectateurs, de comprendre de l’intérieur ce qui se joue pour ces enfants. La scène où les enfants rythment la musique de tout leur corps est magnifique.
Troisième point : la reconstitution de ce tout début du XXe siècle est vivante et soignée, quant aux décors et costumes. Les deux comédiennes incarnent bien leur rôle surtout Jasmine Trinca dont le jeu est subtil et très nuancé.
Enfin, le film pointe la lente et parfois douloureuse émancipation des femmes dans leur difficile autonomie. Nous sommes bien loin d’un pseudo féminisme de revendications plus ou moins belliqueuses. Les deux femmes au contraire vont faire leur unité profonde à travers la maternité. Son importance sociale est revendiquée par Maria Montessori. Elles gagneront en liberté avec leur maternité.
C’est donc, vous l’avez compris un beau film, que j’ai beaucoup aimé.
Laissons les derniers mots de cette chronique à Léa Todorov, elle même, Maman d’une fillette née avec une maladie génétique : «J’espère que ce film contribuera à mettre au cœur de la société les enfants neuro-atypiques et porteurs de handicap, trop invisibilisés.»