Le ciel attendra**
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Film de Marie-Castille Mention-Schaar (octobre 2016)
Sonia, 17 ans ayant échoué dans sont projet de rejoindre le djihad en Syrie s’apprête à commettre l’irréparable. Mélanie, 16 ans est enjouée et musicienne. A la suite d’une rencontre sur les réseaux sociaux elle va peu à peu tomber dans le fanatisme et disparaîtra en Syrie.
La brutale descente aux enfers de nombreux adolescents qui tombent dans le fanatisme islamique est un des aspects majeurs de la guerre terroriste que subissent les pays du monde libre. « Le ciel attendra » est donc un film très actuel.
Néanmoins je me suis demandé quel était précisément le sujet du film. J’en vois deux : celui décrit plus haut sur l’embrigadement des jeunes par le terrorisme islamique et celui de la brutale perte de repère de certains adolescents qui les amène au chaos et brise leurs familles.
Sur le premier sujet le film est conventionnel et politiquement correct. Sonia et Mélanie ne sont pas d’origine musulmane, mais vont embrasser cette « religion » avec sa pratique monstrueuse du djihad. C’est un peu carricatural. Certes, les médias ne se privent pas de nous affirmer que la conversion à l’islamisme touche tout le monde. Néanmoins, tous les terroristes qui ont ensanglanté la France depuis deux ans, étaient d'origine algérienne, marocaine ou tunisienne. Avec ce choix des deux djihadistes d’origine européenne, le film prend une tournure un peu forcée.
Une part importante du film est consacrée aux échanges entre Sonia ou les parents de Mélanie avec Dounia Bouzar (la spécialiste de la « déradicalisation »). Là encore le propos est bien convenu. Le mot de « radicalisation » inventé par Big Brother pour tempérer dans les mots l’horreur et la monstruosité du djihad en dit long : ne faisons pas d’amalgame, le terrorisme et la conversion au djihad n’ont rien à voir avec le Coran, ni avec l’Islam. Bien sur ! C’est comme si on disait que la radicalité de Mère Térésa ou de l‘abbé Pierre n’avaient rien à voir avec l’Evangile...
Quant au second sujet, celui du basculement de certains adolescents, le film est beaucoup plus crédible et plus intéressant. En effet le mécanisme subtil d’isolement, puis d’orientation vers une « famille » de remplacement qui est celui de tout embrigadement sectaire est bien rendu. Les causes de ce vide existentiel sont aussi au rendez vous : Mélanie vit seule avec sa mère Sylvie (Clotilde Courau), parangon de la femme libérée des années 90, contraception, superficialité, mode etc... On sent bien que cette existence artificielle lui pèse et qu’elle a soif d’absolu. Quant à Sonia, on perçoit aussi que les contradictions et les manies de notre époque (course à l’argent, mariage gay, lobbys, etc.), la dégoutent.
Hélas, le film n'exprime aucune critique, même en creux de ces modes de vie qui conduisent à la désespérance chez les jeunes.
Côté forme, c’est très bien joué. Nous retrouvons avec bonheur les jeunes actrices des « Héritiers », Noemie Merlant et Naomi Amarger. Côté scénario, c’est un peu brouillon. L’ensemble fait un peu millefeuille, une tranche de Dounia, Mélanie dans sa chambre, une des parents, un paysage, coucou Sonia et c’est reparti pour un tour, Donia, etc.. Ca manque un peu de repères. On suit longtemps Sylvie (Clotilde Courau) avant de comprendre qu’elle est la mère de Mélanie.