Mc Fred, le Blogue

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Film de Marie-Castille Mention-Schaar, 2013, sortie décembre 2014

Rentrée 2008 au Lycée Léon Blum de Créteil. Une jeune fille voilée vient retirer son diplôme de Bac obtenu en juillet. Dès la première image on est dans l’ambiance : entre multiculturalisme et communautarisme, on découvre un environnement scolaire "gratiné".

Une classe de seconde, "la pire du lycée", le professeur d’histoire, Anne Anglès, (Ariane Ascaride) se présente à ses élèves. Cela chahute gentiment, mais cette dernière tient bon avec une autorité naturelle déconcertante. 
En cours d’année, absente ponctuellement, elle est remplacée par une jeune professeure qui est littéralement laminée par le chahut et l’incivilité de cette classe. Elle termine effondrée, en pleurs. 
A son retour, à la place d’une leçon de morale, Anne Anglès va proposer à la classe de participer, en groupe, au "concours national de la résistance et de la déportation". Surprise et incompréhension… Mais un à un les élèves vont finalement accepter.

Ce projet va les transformer. 
Deux ans après, la quasi totalité de la classe sera reçu au bac avec mention….
 

Marie-Castille Mention-Schaar, après "Bowling" signe ici son troisième film. Il s’agit de l’histoire vraie de la classe de seconde 2008 2009 d’Ahmed Drame, l’acteur principal (Malik, dans le film).  Il co-signe d’ailleurs le scénario avec la réalisatrice. 

Ce film est remarquable, joué avec beaucoup de naturel. Marie-Castille Mention-Schaar réunit ici des acteurs professionnels, Ahmed Drame et l’excellente Noémie Merlant (Mélanie) ainsi que des amateurs pour interpreter la majorité des élèves. La lente maturation de cette classe est très bien décrite. Avec le travail en groupe et ce projet fort et mobilisateur peu à peu l’individualisme paresseux cède la place à l'effort et au plaisir d’être ensemble.

Et ce n’est pas tout. Depuis, l‘équipe du film, Marie-Castille Mention-Schaar en tête sillonne les lycées de l’Hexagone. Projection, témoignages, débat avec classes et professeurs pour montrer que "c’est possible".

Un petit bémol néanmoins : est-il certain que l'horreur de la Shoah soit bien le sujet actuel et fédérateur capable d'amener la jeunesse plurielle de nos banlieues à se dépasser et à parler d'une seule voix ? Au vu des nombreuses réactions sur "les réseaux sociaux", ce n'est pas acquis.

Frédéric de Butler  16 février 2015