TATAMI ****
Film de Guy Nattiv et Zar Amir Article vu 206 fois
Une judoka iranienne Leila (Arienne Mandi), avec sa coache Maryam (Zar Amir Ebrahimi) se rendent à une compétition internationale de judo. Leila laisse en Iran son mari et son jeune fils, sa famille et ses amis, tous réunis devant l’écran pour suivre la compétition. La jeune femme est extrêmement concentrée et bien décidée à gagner, encouragée et soutenue par son entraineuse. Mais rapidement un ultimatum est imposé par les dirigeants iraniens : Leila doit simuler une blessure afin de ne pas affronter en finale la judoka israélienne. Les deux femmes se retrouvent opposées dans leur choix.
La critique d'Annie
Que se passe-t-il lorsqu’une réalisatrice franco iranienne rencontre un réalisateur israélo américain ? Et bien le fruit de cette rencontre c’est ce film TATAMI. Il faut saluer cette belle collaboration entre Guy Nattiv et Zar Amir Ebrahimi. D’autant que cette dernière précisait : « J'ai appris à l'école qu'Israël n'existe pas. Donc nous ne sommes pas autorisés à travailler ensemble, à nous rencontrer, à nous lier d'amitié ou à affronter en compétition cet ennemi imaginaire. » Et c’est bien là l’enjeu du film.
Le film vient de sortir et mérite toute notre attention car c’est un très beau film.
Sur le fond le contexte des jeux olympiques et paralympiques tout récents donnent au film une résonnance familière. Mais plus encore, nous avons là une histoire forte, dense qui rejoint un contexte politique et historique réel. Le scénario garde jusqu’au bout une force dramatique intense que le choix du noir et blanc renforce. Le format de l’image aussi accentue la tension autour des combats sur le tatami, ce tapis d’un mètre sur deux sur lequel s’affrontent les jeunes femmes.
On retrouve la réalisatrice Zar Amir Ebrahimi dans le rôle de Maryam l’entraineuse et c’est Arienne Mandi qui incarne Leila, et elle est impressionnante dans les scènes de combat.
Elles sont toutes les deux formidables, dans leur jeu maitrisé et tendu. Le film se déroule sur une journée, dans un même lieu, le palais des sports, rappelant l’unité de temps et de lieu et d’action des tragédies classiques. D’ailleurs on peut filer le parallèle en notant que le but de la tragédie classique est bien la catharsis, ou libération affective, ce qui sera au cœur des délibérations des deux femmes. Enfin le dernier caractère de la tragédie est la vraisemblance.
Si Tatami, n’est pas basé sur une histoire vraie mais « nous nous sommes inspirés de plusieurs athlètes iraniennes qui ont accompli l’impossible », explique Guy Nattiv, de son côté, Zar Amir estime que « ce film parle de personnages qui repoussent leurs propres limites, qui se battent pour la liberté, qui restent fidèles à leurs valeurs et à leurs objectifs, et qui sont du côté de la justice et de l’humanité. Ce sont des thèmes qui seront toujours universels parce qu’ils sont fondamentaux ».
TATAMI est donc un formidable film que j’ai beaucoup aimé et qui a été applaudi en fin de séance par les spectateurs du Cinéma Katorza à Nantes !