Vaincre ou mourir ****
Film de Vincent Mottez et Paul Mignot (2023) Article vu 405 fois
Nous sommes en 1793, une année terrible qui verra le 21 janvier l’exécution du roi Louis XVI. Devant faire face à des guerres qui se multiplient aux frontières, en mars la Convention décrète la « levée en masse », la mobilisation de 300.000 hommes. A partir du 10 mars, dans tout le pays les conscrits sont tirés au sort. L’ouest catholique déjà blessé par la persécution contre le clergé va s’embraser. Rapidement, d’un village à l’autre puis de ville en ville la révolte éclate. L’insurrection s’étend à toute la Vendée et c’est le début d’une guerre qui durera trois ans. Mais les paysans révoltés ont besoin d’un chef. A force d’insister, ils réussissent à convaincre François de Charrette (Hugo Becker), ancien officier de la Marine Royale, de prendre le commandement. En quelques mois, le marin désœuvré devient un chef charismatique et un fin stratège, entraînant à sa suite paysans, déserteurs, femmes, vieillards et enfants, dont il fait une armée redoutable car insaisissable. Le combat pour la liberté ne fait que commencer...
Voilà la belle épopée mise en scène dans « Vaincre ou mourir ». Le film est assez remarquable, dans son évocation de cette dure période. On suit les combats de cette grande armée Catholique et Royale, jusqu’à son apogée, puis peu à peu son extermination. En effet, pour contrer cette révolte, la république va mettre le paquet avec des armées nombreuses et équipées, mais surtout un processus d’extermination, avec Carrier à Nantes et les « colonnes infernales » de Turreau. Le film est poignant, car le spectateur vit avec les Vendéens ce qui devient devient l’extermination d’une population.
L’historien Reynald Secher, a prouvé que l’extermination des Vendéens fut un véritable génocide. En effet, les décrets de la convention sont très clairs pour exterminer une population (les vendéens), et les actes ignobles comme le massacre de Lucs sur Boulogne l’ont mis en œuvre. (voir lien en bas)
Les historiens estiment à environ 200.000 le nombre de morts (170.000 côté Vendée et 30.000 côté armée de la république).
Hugo Becker interprète Charette avec conviction. « C’est justement parce que je ne connaissais pas cette histoire que ce projet m’a plu. Me plonger dans un univers nouveau, et mettre en lumière une partie méconnue de l’Histoire de France. Je dois reconnaître que j’ai aussi été enthousiasmé par l’idée même de faire un film historique, épique, car cela est assez rare en France ».
D’autres acteurs du film en sont restés très émus, comme Francis Renaud, acteur vernonnais d’adoption, qui témoigne : « Le film porte cette bravoure et cette tragédie à la fin. Le dernier quart d’heure, tu es cloué jusqu’à la fin du générique. J’étais en larmes et pourtant, je joue dedans ! Ça ne m’était jamais arrivé. »
Le point de vue d’Annie
Le film est bien construit, il pose le déroulement des évènements ce qui est important car finalement cette époque est assez mal connue du grand public. La réalisation s’’est appliquée à restituer l’atmosphère, les combats, les paysages, les mouvements de foule, mais aussi des moments plus mystérieux qui captent l’univers intérieurs de Charette et ses doutes, notamment. C’est pourquoi le film n’est absolument pas une hagiographie complaisante et rend compte de la complexité des hommes.
Tout le scénario est écrit autour de cet homme complexe, désabusé, qui dans un premier temps veut se tenir à l’écart. Il saura pourtant se montrer un vrai chef de guerre, obstiné, stratège, courageux, et même négociateur : L’épisode du traité de la Jaunaie le met face au député Albert Ruelle très bien incarné par JH Anglade.
Finalement retenons pour ce film « Vaincre ou mourir » une belle réalisation au casting bien ajusté. Et comme le cinéma doit aussi nourrir nos émotions e notre réflexion, nous retiendrons ce beau compagnonnage avec un homme de parole, fidèle à ses engagements sans illusions et qui le sens de l’honneur donne une envergure que sa devise résume : « Combattu souvent, battu parfois, abattu jamais ».
Cette leçon d’histoire, sans dogmatisme nous met devant un beau film familial, en tout cas avec les plus grands des enfants. Saluons cette fidèle réalisation qui en appelle sans doute d’autres. Le film est co-produit par Canal+ , Saje et Le Puy du Fou. Un partenariat intéressant au service d’un moment de notre histoire assez peu connu.
Vincent Mottez est auteur, scénariste et réalisateur, spécialisé dans le domaine de l’Histoire, en particulier de l’Histoire de France aux XVIIIe et XIXe siècles. Il a écrit et réalisé de nombreux épisodes de la série documentaire « Secrets d’Histoire » pour France 3. Paul Mignot co signe la réalisation de ce récit épique qui nous restitue les trois dernières années de la vie de Charette.
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