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Mc Fred

Cinéphile, architecte, réalisateur vidéo, peintre, animateur et consultant........................... J'aime le Vrai, le Beau, le Bien, le Bon..............60 066 visites depuis l'ouverture du blog. Goûtons l'instant présent !

Publié par Mc Fred

Le bonheur des uns****

Film de Daniel Cohen (2020)

Le bonheur des uns****
Le bonheur des uns****

Léa et Marc, Karine et Francis sont deux couples d’amis de longue date. Une belle galerie de portraits : un mari macho et une conjointe discrète, une copine un peu grande-gueule et son conjoint original. Chacun occupe sa place dans le groupe. Cet équilibre fragile vole en éclat le jour où Léa, la plus discrète d’entre eux, leur apprend qu’elle écrit un roman, qui devient un best-seller. Loin de se réjouir, petites jalousies et grandes vacheries commencent à fuser. Humain, trop humain ! C'est face au succès que l'on reconnait ses vrais amis… Le bonheur des uns ferait donc le malheur des autres ?

Le bonheur des uns****
Le bonheur des uns****

Daniel Cohen a d’abord écrit une pièce de théâtre, pour finalement opter pour le film. Il tient d’ailleurs un des rôles secondaires en étant le patron de Léa. Le film est de très bon niveau. 
D’abord une distribution et une interprétation au top : Léa (Bérénice Bejo) est parfaite dans son rôle de fille effacée, introvertie et indécise, qui fait face avec brio à ce succès mérité, mais inespéré. Ensuite Marc (Vincent Cassel) dans un rôle inattendu, est très convainquant dans la posture du mari directif un peu macho. La paire de lunettes dont il est affublé suffit à composer un vrai personnage : il ne fait pas du Vincent Cassel… Pour l’autre couple, Karine (Florence Foresti) en fait des tonnes, mais, là c’est vraiment son personnage complétement enfermée dans une jalousie pathétique. Quant à Francis (François Damiens) il est plus calme que d’habitude, il a laissé son accent belge en coulisse. Bref il est aussi très bien. 

 

Le bonheur des uns****
Le bonheur des uns****

Le scenario est rondement mené ; le film et les dialogues sont très (bien) écrits. C’est très bien fait… et dans la salle, les rires se succèdent. 

Mais « Le bonheur des uns » est surtout une mise en scène très convaincante et très soignée de « l’emballement du désir mimétique » conceptualisé par René Girard (Des choses cachées depuis la fondation du monde…). L’être humain est fondamentalement un être de désir. Dès sa naissance,  il apprend par mimétisme en copiant les autres. Une dérive de cet aspect et justement la mimétique du désir c’est-à-dire que quand on voit l’autre qui a quelque chose en plus que nous, on imagine qu’il a un « supplément d’être », qu’il est plus heureux.  Alors on veut la même chose, quitte à lui voler, à le ridiculiser, à le détruire… c’est la jalousie et ça s’emballe
 

Le bonheur des uns****

Dans « Le bonheur des uns » c’est exactement ce qui se passe. Le bonus gagné par Léa est, au top, car lié au besoin de reconnaissance, un des besoins vitaux de l’être humain. 
A début chacun est à sa place, on se taquine un peu, mais cela reste sain et ne nuit pas à la cohésion des couples et de cette paire d’amis. Le succès inattendu et très fort de Léa apparait (inconsciemment) aux trois autres comme une grande injustice… pourquoi elle et pas nous ??.  Voulant exactement ce que l’autre a, car on l’imagine plus heureux et plus fort, toutes les stratégies seront bonnes pour y parvenir. Cet emballement mimétique des désirs, mène inévitablement aux frustrations puis au conflits… C’est quasi automatique, ce que le film met très bien en scène, avec une inventivité et une surenchère qui restent réalistes. En fait « le bonheur des uns » porte à l’écran et formule à haute voix ce que tout le monde pense tout bas. 

A voir… 
 

Le bonheur des uns****

Les sociétés antiques n’avaient qu’une solution pour arrêter le cycle : le sacrifice d’un bouc émissaire, jugé responsable de cette violence. René Girard ne voit qu’une issue positive possible à ce déchainement mimétique : le dialogue de vérité et le  pardon.

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A
C’est le 4e film de David Cohen, qui s’est attribué un petit rôle, et au départ c’était une pièce de théâtre. Nous avons donc des dialogues très écrits. Et ces dialogues font mouche, dans l’analyse des perturbations relationnelles du groupe d’amis. C’est percutant. Et drôle.<br /> Lire la suite : https://www.facebook.com/annie.debutler
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B
Le bonheur des uns... Bonne prestation des 4 acteurs !
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