Silence ***
Film de Martin Scorsese (2016) Article vu 757 fois
Au XVIIème siècle deux jésuites, Sébastien Rodrigues et Francisco Garupe partent pour le Japon pour tenter de retrouver le Père Ferreira disparu.
A leur arrivée, près de Nagasaki, ils sont mis en contact avec des communautés chrétiennes qui survivent depuis des années dans la clandestinité...
La vue des deux « Padres » les comble de bonheur.
Sans prêtres depuis des décennies leur foi s’est transmise de génération en génération, par la pratique des deux sacrements donnés par les laïcs : le baptême et le mariage.
En effet la très rapide expansion du christianisme à la fin du XVIème siècle a provoqué une forte réaction des autorités japonaises. Les prêtres Jésuites sont expulsés et les persécutions vont se répandre jusqu’au milieu du XVIIème.
Les deux jésuites, se mettent à la disposition de ces communautés des catacombes. Ces derniers retrouvent la célébration de la Messe et la confession dont ils étaient privés. Dans cette région la chasse aux chrétiens est vive. Le « grand Inquisiteur » parcourt les villes et les villages avec ses hommes pour les traquer. Les habitants qui refusent de piétiner une image du Christ ou de la Vierge sont alors systématiquement torturés.
Et rien ne nous est épargné.
Côté forme, ce film est une splendeur. Paysages magnifiques et de sublimes images jouant avec la brume.
C'est aussi très bien interprété. J’ai un petit regret sur les langues utilisées. Dans la VO les pères parlent en anglais et une partie des japonais aussi. A priori, au XVIIème les pères parlaient portugais et il est très peu vraisemblable que les paysans japonais aient communiqué avec eux autrement qu’en japonais. Gibson, dans "La Passion" utilisait les langues d'époque. C'est tout de même autre chose !
Mais tout cela reste très amer.
« Silence » est un film sur le silence de Dieu. En effet, si la foi est forte chez les fidèles, l’absence de relation et de consolation fera dire au Père Sébastiao, paraphrasant le Christ sur la Croix : « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».
Devant l’horreur du martyr, on se sent bien seul. Et si Dieu était absent ? semble-t-il se dire face aux tortures infligées à ses frères. Le film est une lente descente aux enfers qui se solde par l’apostasie des pères.
C’est très dur. C’est désespéré.
Seule la dernière image semble contredire tout cela. Un peu comme la dernière tentation de Scorsese…
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